Chirurgie des seins malformatifs à Toulouse
Comme toutes les parties de notre corps, le sein peut être le siège de phénomènes malformatifs. Cela peut intéresser un seul sein, ou au contraire, les deux; dans tous les cas, il y a en général une asymétrie qui constitue un motif de consultation fréquent.
L’agénésie mammaire (ou absence de glande mammaire) ainsi que l’hypotrophie sévère (glande quasi inexistante) sont en principe, de diagnostic facile et leur traitement, chirurgical, est bien codifié. Il fait appel à une augmentation mammaire prothétique. Dans certains cas, cette augmentation prothétique peut être complétée, voire remplacée par une réinjection de graisse. J’invite donc les lectrices à se référer aux fiches correspondantes pour y trouver l’information nécessaire (augmentation mammaire prothétique et lipofilling mammaire).
En revanche, les seins tubéreux dont la forme et l’importance de la déformation sont variables, peuvent parfois poser des problèmes de diagnostic et la stratégie thérapeutique à mettre en oeuvre peut s’avèrer être plus complexe.
A qui cela s’adresse-t-il ?
L’anomalie de base, caractéristique des seins tubéreux est une implantation anormale de la base mammaire sur le thorax, avec comme corollaire un défaut de croissance d’intensité variable. Il peut donc s’agir d’une patiente qui vient consulter pour une hypotrophie mammaire, avec souvent asymétrie de cette hypotrophie. Par ailleurs, la présence caractéristique d’un sillon sous-mammaire ascensionné accentue le caractère asymétrique.
Parfois, l’hypotrophie mammaire apparente pour laquelle la patiente vient consulter peut n’être, en fait, qu’une anomalie de répartition de la glande dans un sein pouvant être de volume normal.
Un autre motif de consultation fréquent dans le cadre des seins tubéreux est constitué par les anomalies de la plaque aréolomammelonnaire: l’aréole est souvent distendue, de grande taille; cette taille est souvent en contraste saisissant avec la taille du sein: aspect de grande aréole sur un petit sein. Cette aréole peut être localisée également de façon excentrée D’autre part, la patiente peut venir consulter pour une profusion aréolaire: il s’agit d’une sorte de hernie à travers l’aréole, donnant là-aussi un aspect tant caractéristique des seins tubéreux.
Souvent, ces patientes, jeunes, sont complexées, sentant bien qu’elles ont des seins différents par rapport à leurs amies. Cela peut parfois aller jusqu’à une inhibition totale de leur vie intime.
Quels en sont les principes ?
Le traitement des seins tubéreux est bien évidemment chirurgical. Différentes interventions peuvent être envisagées et dépendent de l’importance des malformations qui peuvent être classifiées.
La classification de Grolleau, la plus utilisée comporte trois stades :
- le stade I se caractérise par un défaut de croissance tissulaire limité au quadrant inféro-interne du sein.
- le stade II regroupe les anomalies de croissance des deux segments mammaires inférieurs (interne et externe). Ce stade peut être sous- divisé en deux suivant que la peau mammaire sous-aréolaire soit en quantité suffisante ou non. Lorsque la peau est insuffisante, le risque de double sillon est important, diminuant la qualité du résultat.
- le stade III est caractérisé par les hypoplasies mammaires sévères, avec notamment une base d’implantation mammaire sur le thorax minimale; les anomalies aréolaires sont souvent importantes également.
Un examen minutieux de la patiente au cabinet médical permettra de bien classifier les anomalies constatées et de proposer à la patiente la solution chirurgicale la plus adaptée. Il faut s’efforcer de proposer une seule intervention -tout en un temps-, mais cela n’est pas toujours possible. Lorsque la profusion aréolaire est importante, notamment, des retouches sont fréquentes pour corriger la récidive à minima de cette hernie.
Il en est souvent de même avec le double sillon parfois constaté au niveau du pôle inférieur du sein et lié à la mise en place d’un implant mammaire dans une zone fibreuse peu extensible, correspondant à l'anneau d’implantation du sein tubéreux sur le thorax.
La chirurgie sera alors expliquée à la patiente et planifiée. Elle s’effectue en clinique, sous anesthésie générale; l’hospitalisation peut être ambulatoire ou nécessiter une nuit d’hospitalisation, en fonction des gestes chirurgicaux proposés. Une consultation de préanesthésie est obligatoire et permettra d’apprécier au mieux le risque opératoire et de prévenir celui-ci. La plupart de ces interventions sont prises en charge partiellement ou totalement par la sécurité sociale.
Les différents actes proposés peuvent être:
- Amélioration de la base d’implantation du sein par rupture de l’anneau cicatriciel fibreux.
- Harmonisation des volumes par amélioration de la répartition glandulaire; cela est apporté par la réalisation d’un lambeau dermo-glandulaire. Ainsi, dans les seins de type I, le tissu glandulaire souvent en excès dans le segment inféro-externe pourra être déployé sous forme de lambeau pour venir combler le défect du segment inféro-interne.
- Correction d’une hypoplasie par mise en place d’implant mammaire prothétique. Pour de plus amples informations, j’invite les lecteurs à se reporter au chapitre de l’augmentation mammaire.
- Correction d’une ptose éventuelle (chute du sein) par une mastopexie. Là aussi, il faudra se référer au chapitre mastopexie pour avoir les informations nécessaires.
- Correction d’un double sillon: caractéristique des seins tubéreux, notamment après mise en place d’un implant mammaire. On le corrige essentiellement par la réalisation dermoglandulaire qui viendra se loger dans le pôle inférieur du sein . Ce lambeau pourra être fixé à son extrémité inférieure au fascia, ou à défaut, sera laissé libre.
- Correction de la profusion aréolaire éventuelle: ce temps opératoire peut nécessiter une retouche ultérieurement car la peau aréolaire des seins tubéreux est moins résistante, avec une distensibilité importante pouvant occasionner un étalement de la cicatrice, voire une récidive partielle de la profusion aréolaire.
- Il faut noter enfin l’utilisation possible de la lipostructure (voir chapitre correspondant). La lipostructure, ou réinjection de graisse peut permettre de corriger le double sillon ou de restaurer certains volumes insuffisants.
Cela peut se faire également en complément d’une augmentation prothétique. Le lipofilling (autre nom de la lipostructure) offre également, outre son rôle volumatuer, un effet trophique sur la peau. Cela en améliore la souplesse.
La patiente rentrera chez elle avec un traitement antalgique adapté (paracétamol et/ou tramadol) et les pansements seront à refaire tous les deux jours par une infirmière à domicile, pendant une quinzaine de jours.
Je revois la patiente en général au bout de ce laps de temps. L’arrêt de travail sera variable suivant les gestes chirurgicaux effectués et suivant la profession de la patiente mais on peut donner une fourchette de quelques jours à quinze jours environ. La reprise des activités physiques et sportives pourra être là aussi variable, entre quinze jours et un mois et demi.
Quelles peuvent en être les complications ?
Le traitement des seins tubéreux fait appel à la chirurgie, ce qui fait que la possibilité de complications existe, même si elles sont rares.
Comme toute intervention sous anesthésie générale, des complications liées à l’anesthésie peuvent survenir (et pouvant aller jusqu’au décès) et vous seront détaillées lors de la consultation d’anesthésie.
Bien sûr, un saignement, un hématome ou une infection peuvent apparaître dans les suites opératoires et seront alors traités. On peut noter également des troubles de la cicatrisation (désunion partielle de cicatrice ou, au contraire, cicatrisation excessive, de type hypertrophique, voire chéloïde.
Il faut insister sur le rôle néfaste du tabac dans la survenue de ces complications. Un arrêt du tabac est donc fortement recommandé, trois semaines avant la chirurgie, comme le préconise la SOFCPRE (Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique).
Il faut noter également que les variations de poids intempestives peuvent altérer la pérennité du résultat.
D’autre part, en cas de prothèse mammaire mise en place d’un seul coté, le vieillissement des deux seins ne sera pas forcément identique et les asymétries pourront se majorer avec le temps.
Que peut-on en attendre ?
Une fois passée les premières semaines post-opératoires, la patiente présentera des seins symétriques, plus volumineux et plus souples. La patiente aura surtout l’impression d’avoir des seins « normaux » et ne sera plus complexée. Il faut insister sur le fait que, suivant le stade de seins tubéreux, plusieurs interventions chirurgicales pourront être nécessaires, notamment pour venir à bout de la profusion aréolaire et du double sillon.
Le traitement chirurgical des seins tubéreux peut faire appel à plusieurs temps opératoires.
Il est préférable que le poids soit stable après l’intervention.
Le traitement chirurgical des seins tubéreux est souvent pris en charge par la CPAM.